Sépaq Anticosti : mon premier chevreuil

Un récit de voyage de Simon Boivin, responsable des relations avec les médias de la Sépaq.

Quarante-huit heures auparavant, je n’avais jamais tiré le moindre coup de feu. Jamais chassé quoi que ce soit. Et me voilà par un beau matin de novembre, sur l’île d’Anticosti, en habit de camouflage de la tête aux pieds, carabine à l’épaule, un chevreuil dans ma mire. Un moment complètement surréel. 

Sépaq Anticosti Sépaq Anticosti
Sépaq Anticosti Mathieu Dupuis | © Sépaq

Les précieux enseignements du guide

Juste avant d’entreprendre notre marche dans un sentier du secteur Vauréal, Robin, mon accompagnateur et une institution à la Sépaq, m’a remis un couteau.

« Si jamais tu abats un chevreuil, il faut rapidement l’ouvrir sous le sternum et le long du ventre pour éviter que la viande ne se gâte », m’a-t-il expliqué.

Je l’écoutais me détailler la technique les yeux ronds, sans penser en venir vraiment là. J’ai glissé le couteau dans la poche de mon dossard orange flash.

La petite neige tombée pendant la nuit a recouvert les traces de la veille et dévoilait des pistes incontestablement fraîches du jour. Des empreintes de renards, de lièvres, de chevreuils aussi.

Il ne s’était pas passé 15 minutes depuis les explications de Robin. Je marchais lentement dans le sentier, ébahi par la beauté de l’endroit, scrutant les bois de chaque côté. Quand je l’ai vu.

Couché à une trentaine de mètres, se croyant à couvert, le chevreuil avait la tête levée et regardait dans ma direction. J’ai figé. Pendant une demi-seconde, il m’a traversé l’esprit de faire comme si je ne l’avais pas vu. De juste passer mon chemin.

C’est une belle bête, un chevreuil. En plus, à Port-Menier, le seul village d’Anticosti, on en voit un peu partout. Ils viennent vous manger dans la main. Vous pouvez les flatter un peu. Ils sont attachants.

Mais je suis venu pour vivre une expérience de chasse. La veille, on n’avait rien vu. C’est ma dernière journée sur l’île. C’est maintenant que ça se passe.

Le moment de vérité

Je retire lentement le cran de sécurité de la 30-06 et rapproche mon œil du viseur. Je place le milieu de la croix directement sur les parties vitales, quelques pouces au-dessus de l’épaule, comme on me l’a suggéré. Je ne me donne pas le temps de réfléchir davantage. Je pèse sur la gâchette. Détonation.

J’ai vu la bête s’affaler sur le côté. Trois ou quatre secondes de petites convulsions avant qu’elle ne devienne totalement immobile. Morte. Tout est redevenu silencieux.

Ça fait quelque chose. Dire le contraire serait mentir. Je suis resté un peu incrédule devant ce qui venait de se passer. J’ai pris quelques grandes inspirations avant de quitter le sentier pour m’en approcher. Robin m’a laissé y aller seul.

On entend toute sorte d’histoires sur des bêtes abattues qui se relèvent et décampent soudainement. C’est ce que j’ai en tête à mesure que je me rapproche. Je reste à l’affût. Elle va se mettre à bouger, j’ai dû la rater… Non.

On m’avait dit que si le chevreuil a les yeux ouverts, c’est qu’il est mort. Il gît sur son flanc, les yeux grand ouvert. Je prends encore quelques profondes inspirations.

J’accote mon arme sur un arbre et m’agenouille à côté de la bête. Je lui touche, je la flatte un peu. Je crois bien lui avoir dit quelques mots. C’est un moment particulier. Intense. Teinté par un mélange d’émotions. Je l’ai fait. J’appartiens maintenant au monde des chasseurs.

Étrangement, on ne voit aucune trace d’entrée de la balle. Uniquement l’endroit par où elle est ressortie. Je constate avec soulagement que mon tir a été bien placé.

Sépaq Anticosti
Sépaq Anticosti Mathieu Dupuis | © Sépaq
Sépaq Anticosti
Sépaq Anticosti Mathieu Dupuis | © Sépaq
Sépaq Anticosti
Sépaq Anticosti Mathieu Dupuis | © Sépaq
Sépaq Anticosti
Sépaq Anticosti Mathieu Dupuis | © Sépaq

Le respect de la bête

Il est temps de mettre en œuvre les enseignements de Robin. Pas question de laisser la viande se gâter. Pas question de l’avoir tirée pour rien.

Je place la bête les pattes vers le haut, et maintient la position avec mes jambes de chaque côté de son corps. La crainte qu’elle se remette tout à coup à bouger n’est pas complètement disparue. Je mets la main sur le couteau. Et je me lance. Précautionneusement, pour éviter de percer la panse.

Nous reviendrons sur l’heure du midi pour éviscérer complètement le chevreuil. Avec des gants en plastique qui se rendent presque aux épaules. J’ai suivi la méthode expliquée au fur et à la mesure par Robin. Nous avons ensuite sorti la bête du bois et nous l’avons attachée à l’avant du véhicule tout-terrain. Puis nous avons regagné le 4x4 stationné plus loin avant de dîner.

J’ai récolté un autre chevreuil dans l’après-midi. Le soir et le lendemain matin, j’ai donné un coup de main à Robin pour dépouiller et débiter les bêtes. La viande a été mise dans des boîtes, puis dans l’avion, avant de se retrouver chez un boucher de Cap-Rouge. Elle deviendra fondues, braisés, rôtis…

L’expérience d’une vie

En bout de course, est-ce que j’ai aimé l’expérience? Oui. Absolument. Rien ne me prédisposait à la chasse. Mais j’adore la viande et je comprends qu’elle ne pousse pas dans les arbres. J’ai la conviction que mes deux chevreuils sont morts rapidement et sans agonie.

La chasse transforme la marche en forêt en une quête palpitante qui met tous vos sens aux aguets. J’ai eu la chance de vivre ma première expérience dans le paradis qu’est l’île d’Anticosti, une destination mythique pour bien des chasseurs. Je n’oublierai jamais mon premier chevreuil.

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