L’île merveilleuse
Récit d’aventures sur l’île d’Anticosti
En collaboration avec Marine Clément-Colson
De l’île d’Anticosti, je n’en connaissais jusqu’alors, uniquement les légendes. Un petit bout de terre au cœur du fleuve Saint-Laurent, où gambadent des milliers de chevreuils. Environnement idyllique imaginé par un chocolatier européen débarqué au Canada à la vieille époque, ayant choisi l’île pour en faire son domaine.
De là-haut
L’île dégage une aura particulière. Je l’ai ressenti à même les airs, alors que je l'apercevais pour la toute première fois. Par le hublot de l'avion à bord duquel je venais de survoler l’estuaire du Saint-Laurent et les majestueuses montagnes gaspésiennes – elle m’est apparue. Cette grande île qui, vue du ciel, semble être formée d’une infinité de sapins au pied desquels viennent se fracasser des vagues sauvages.
L’immensité pure
Cette île, elle est caractérisée par quelque chose que je n’avais pas encore trouvé dans aucun autre milieu insulaire : l’immensité. Des kilomètres et des kilomètres de nature intouchée. La forêt à son état le plus brut.
Pour en imaginer la grandeur, il faut savoir qu’Anticosti est la plus grande île du Québec. Elle représente 17 fois la taille de l’île de Montréal et surpasse même la province canadienne de l’Île-du-Prince-Édouard. Pour les européens, sa taille est comparable à la Corse, mais avec une population de moins de 300 habitants, contre les quelque 339 000 sur l’île française.
Malgré tous ces chiffres que j’avais consultés avant mon départ, cette immensité, je ne l’ai réellement comprise qu’après quelques jours sur place. Comblée par mes explorations du nord-ouest de l’île, j’étais maintenant prête à m’aventurer en son centre, vers un endroit bien spécial. Ce soir-là, je dormirais dans un des rares lieux qui peut se vanter d’offrir à la fois les plus beaux couchers et levers de soleil. Cet endroit magique, c’est l’Auberge McDonald.
Elle deviendra instantanément mon coup de cœur. Pour son panorama qui me laisse encore sans mots. Pour ses nuits étoilées à perte de vue. Pour ses lits où l’on s’endort bercé par le chant des vagues. Mais surtout, pour la douceur des humains qui t’y accueillent.
Escapade en voiture à Anticosti
« Les distances ici, on ne les réalise pas quand on regarde la carte. » Paroles des locaux qui me l’ont répété plusieurs fois, sachant très bien que je ne les comprendrais qu’une fois avoir pris la route de la Transanticostienne pour une destination plus éloignée. Mais entre vous et moi, la beauté d’une escapade en voiture là-bas, c’est justement qu’on ne se préoccupe pas du temps qui passe.
Rouler pendant des heures à travers les grands sapins, l’air pur et les rivières. Croiser des cascades, blotties au cœur de la dense forêt boréale. Découvrir des lacs remplis d’une eau limpide, chauffée par le soleil. Et des bassins, d’une eau glaciale, de celles qui revigorent par un après-midi brûlant d’août.
Festin paradisiaque
Parmi les incontournables de l’île, je garde un souvenir particulièrement savoureux de mon arrêt à la rivière Jupiter. À travers ses teintes émeraude, l’eau est si limpide qu’on y voit sauter les saumons. Vous devinerez que l’endroit est prisé par les pêcheurs. J’ai d’ailleurs eu la chance d’en croiser sur ma route et ils m’ont invitée à me joindre à leur repas sur la berge. Je n’étais clairement pas près de m’imaginer la préciosité de cette invitation. C’était dans un endroit irréel, là où la rivière se déverse dans le golfe du Saint-Laurent.
Soleil brûlant, truites fraîchement pêchées, grillées au sirop d’érable sur un feu de bois et dégustées au pied des vagues. Il ne m’en fallait pas plus pour être envahie d’un bonheur euphorique.
L’île dorée
Il faut le dire, Anticosti, c’est une île où il est impossible de rouler sans s’arrêter partout pour admirer la vue. C’est aussi une heure dorée infinie et des cieux qui donnent envie de plonger dedans.
Ma plus grande surprise là-bas, a été d’y observer des similitudes de paysages avec certaines îles tropicales. Oui oui, vous avez bien lu : des allures tropicales, ici, au Québec. Chutes, cascades et bassins, ces points d’eaux dignes de rêves exotiques, entourés cette fois, de végétation nordique – ça donne une scène fascinante et totalement inattendue.
L’île qui marque la mémoire
Ça aussi on me l’avait dit avant d’y poser les pieds que je resterais marquée par mon passage à Anticosti. Je ne l’ai concrètement réalisé qu’une fois dans les airs, alors que je voyais l’île devenir de plus en plus petite, emportant avec moi un tourbillon de souvenirs.
Bon, j’arrête maintenant, mais si vous me croisez au coin d’une rue, sachez que je pourrais vous parler d’Anticosti pendant des heures. Je termine en vous mettant au défi d’explorer Anticosti sans avoir la liste de lecture du classique film « Into the Wild » en boucle dans la tête. Mission impossible pour moi.
Oh et petit conseil personnel : il fait bon s’y lever en même temps que le soleil, car c’est à 5h du matin qu’on y fait les plus belles rencontres!
À propos de Marine Clément-Colson
Photographe et cinéaste documentaire, Marine a travaillé aux quatre coins du globe et est poussée par un désir de capter ces humains qui donnent à la vie toute sa raison d’être. Des îles de l’océan Indien, jusqu’à celles du fleuve Saint-Laurent, sa lentille s’imprègne des histoires qui croisent sa route. Au Québec, on retrouve ses récents photoreportages dans les pages de Dînette Magazine.