Pourquoi adopter la nature comme lieu de travail?
En collaboration avec Marine Clément-Colson
Ils proviennent de générations et de milieux différents. Certains sont nés en ville, d’autres ont grandi au creux des grands sapins. Mais tous ont un point en commun : ils ont choisi la forêt — au quotidien. Leurs bureaux se trouvent entre lacs et montagnes. Et leurs journées sont rythmées par le chant des oiseaux et le rire des passionnés de plein air. Ils se sont offert l’air frais et les grands sapins, la nature tous les jours. L’ont adoptée comme milieu de travail.
Ils s’appellent Patrick, Lyne, Allyson et Denis et sont employés dans les réserves fauniques de la Sépaq.
Voici leurs histoires.
Patrick
Gardien de territoire à la réserve faunique des Chic-Chocs
Autrefois planteur d’arbres, Patrick aime la forêt, mais surtout les gens. Tout ce qu’il fait au lac Sainte-Anne, il le fait avec cœur et passion. Et ça se sent. Son plus grand bonheur : initier les gens à la pêche. Dès qu’il a quelques minutes libres dans sa journée, il n’hésite pas à faire découvrir « son meilleur coin à truites », là où le petit ruisseau se verse dans le lac.
Il faut le voir se lancer sur son lac, son paradis comme il dit. Partout où son regard se pose, il est fier. Il faut l’observer transmettre ses techniques du lancer de la ligne à la mouche. Il répétera le mouvement des dizaines de fois s’il le faut, jusqu’à ce que son apprenti goûte au bonheur d’un lancer réussi, à l’heure où le soleil devient or.
Il est 17 h, Patrick rentre de l’initiation à la pêche. Sur son embarcation, il croise au loin les occupants des chalets. La scène est digne d’un film. Certains se font bronzer sur les chaises installées sur le quai pendant que les plus courageux plongent à l’eau. D’autres embarquent à bord des kayaks préparés plus tôt par le gardien. Tous sourient et envoient la main lorsqu’ils le croisent. Il faut comprendre que pour plusieurs, ce n’est pas la première fois qu’ils rencontrent Patrick. Certains ont même connu son oncle Robert qui, avant lui, s’est occupé des lieux pendant 20 ans. Patrick montre son babillard sur lequel sont accrochés des dessins d’enfants et des mots de visiteurs.
« Une des petites filles qui m’a offert un dessin en avait même fait un pour mon oncle quelques années avant! C’est comme ça ici, les gens reviennent. Ça fait chaud au cœur de savoir qu’on y est pour quelque chose. »
Lyne et Allyson
Préposées aux activités à la réserve faunique des Laurentides
Lyne et Allyson sont toutes deux des « filles de bois ». La chasse et la pêche font partie de leur vie depuis qu’elles sont jeunes, mais cette année, la passion est devenue un métier.
Lyne a eu une carrière d’infirmière pendant plusieurs années. Ses qualités humaines et son désir d’aider les autres se ressentent jusqu’en plein cœur de la nature. Ici, elle se plait à prendre soin des plus jeunes de l’équipe, comme Allyson, et à passer le plus de temps possible dans la forêt à veiller sur le bonheur des gens qui y séjournent.
Allyson, à l’aube de la vingtaine, a d’abord fait ses études pour devenir préposée aux bénéficiaires, mais elle a rapidement compris en pratiquant le métier qu’un élément important manquait à son quotidien : être dehors. « C’est incroyable de me retrouver tous les jours avec d’autres humains aussi passionnés que moi ! Je pense qu’il n’y a personne de mieux placé qu’un chasseur pour comprendre un autre chasseur. Être dehors est essentiel à ma vie et c’est ce que me permet un emploi en réserve faunique. »
Si vous croisez Lyne ou Allyson au bord d’un des lacs de la réserve faunique, vous comprendrez en un sourire qu’elles se trouvent exactement là où elles doivent être.
Denis
Gérant de secteur à la réserve faunique des Laurentides
« Il n’y a pas une journée qui passe où la vue face à moi est la même. La nature change à sa guise, au gré de la météo quotidienne et des saisons. Elle dessine un spectacle devant lequel je ne peux pas rester indifférent. Et puis, pour être honnête, il n’y a pas une journée où je reste assis à mon bureau huit heures d’affilée. Je suis toujours sur le terrain, à la rencontre des gens, que ce soit les employés ou les clients », raconte Denis, avec des étoiles dans les yeux.
Le défi, c’est ce qui l’allume au quotidien. Depuis le début, son objectif est clair : gravir les échelons. S’épanouir à travers une longue carrière à l’intérieur du réseau, mais être sans cesse stimulé par de nouvelles tâches.
Or, pour celui qui a débuté comme gardien de territoire nominal et est aujourd’hui gérant de secteur de la plus grande réserve du réseau, son entrée à la Sépaq a été inattendue. Elle s’est vécue comme un rêve lointain qui devient réalité au moment où on s’y attend le moins.
Il était déjà client depuis de nombreuses années, pour la chasse à l’orignal et la pêche, mais s’en tenait à vivre ses passions comme des loisirs. Puis un jour, il y a 10 ans, le déclic s’est fait en une fraction de seconde. C’était à Québec, dans un salon de chasse et de pêche. Au détour d’une discussion, un employé qu’il avait connu à la réserve faunique du Saint-Maurice lui raconte qu’ils cherchent un nouvel employé — quelqu’un qui s’y connaît spécifiquement en orignal. Au départ, Denis n’y songe même pas. Dans sa tête, il est client, c’est tout. Jusqu’à ce que sa conjointe le regarde dans les yeux et lui rappelle ce petit rêve enfoui à l’intérieur de lui depuis toujours. Celui de faire de la chasse et de la pêche son métier. Déclic. « Et ça a été le début de la grande aventure! » termine-t-il, se remémorant avec émotion cette journée qui a tout changé.
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Alors que quelques-uns en sont à leur premier emploi, d’autres ont derrière eux une carrière de 20 ans. Pour certains, cette arrivée dans une réserve faunique représente même un grand virage vers un nouveau domaine. Mais derrière chacun de ces humains, une idée précise fait naître des petits papillons : leurs bureaux à eux n’auront jamais de murs. Y trôneront plutôt les effluves d’épinette et les bourrasques de vent.
Passionné de nature? On a un poste pour vous!
Chaque année, la Sépaq cherche un millier de personnes pour pourvoir différents postes. L’un d’eux est peut-être pour vous! Surveillez les offres et inscrivez-vous aux alertes d’emplois.
À propos de Marine Clément-Colson
Photographe et cinéaste documentaire, Marine a travaillé aux quatre coins du globe et est poussée par un désir de capter ces humains qui donnent à la vie toute sa raison d’être. Des îles de l’océan Indien, jusqu’à celles du fleuve Saint-Laurent, sa lentille s’imprègne des histoires qui croisent sa route. Au Québec, on retrouve ses récents photoreportages dans les pages de Dînette Magazine.