Vestiges sous surveillance
14 July 2015
Durant l’été 2014, l’activité publique « archéologue d’un jour » a permis de localiser, de visiter et d’inspecter tous les sites archéologiques connus dans le parc national du Lac-Témiscouata. Voici un portrait unique du patrimoine culturel du territoire, enrichi par quelques découvertes nouvelles.
Une offre alléchante pour une bonne cause
« Sortez des sentiers battus et accompagnez un des archéologues du parc dans son travail quotidien sur le terrain. À pied, en bateau, vous participerez à l’inventaire de sites archéologiques et dresserez leur état de santé. C’est… une occasion unique pour découvrir des endroits habituellement inaccessibles aux visiteurs. »
Cette offre a été faite à tous les visiteurs du parc l’an passé. Elle a permis de compléter la première étape du plan de gestion du patrimoine archéologique, à savoir retrouver et inspecter visuellement plus de 50 sites archéologiques découverts sur le territoire depuis les années 1960. Certains de ces sites n’avaient jamais été visités depuis leur découverte il y a plusieurs décennies de cela. Ce grand bilan de santé du patrimoine culturel a permis d’évaluer l’intégrité des sites et d’identifier les éventuelles menaces qui pesaient sur ces derniers. Un premier pas indispensable pour mieux conserver et mettre en valeur le patrimoine culturel unique du parc.
Alors docteur?
Même si certains sites découverts avant l’avènement du GPS portatif ont été plus difficiles à localiser, l’ensemble des sites archéologiques connus a été retrouvé. Preuve de l’extrême richesse du territoire, 3 nouveaux sites ont également été découverts de manière fortuite durant ces inventaires. L’un d’eux, le CkEe-43, a même livré une quantité importante d’outils et d’éclats (plus de 1400 artéfacts ont été collectés en surface dont 37 outils). Cette magnifique pointe de projectile typique du Sylvicole moyen (cf. photo) a permis de proposer une datation pour ce site entre 400 av. J.-C. et 1000 apr. J.-C.
Figure 1 Pointe de flèche retrouvée sur le site CkEe-43
Une fiche détaillée a été remplie pour chacun des 52 sites. En fonction du diagnostic des menaces (érosion, chablis, etc.), de l’intégrité, ou de leur intérêt, chaque site a reçu un niveau de priorité. Sur les 52 sites inspectés 11 ont reçus une priorité élevée, 4 une priorité moyenne, 11 une priorité faible et enfin 21 une priorité nulle.
Et ça continue!
Ce diagnostic va permettre au parc de prioriser ses interventions et de mettre en place des mesures concrètes sur le terrain pour stopper les menaces qui pourraient peser sur les sites. Des visites de surveillance et de suivi continueront à se faire avec les visiteurs de façon plus ou moins rapprochée selon l’état de chaque site. Durant l’été 2015 des fouilles publiques se continueront également au parc sous l’égide du Fond Parcs Québec, tandis que 2 projets de doctorat commenceront. Le premier s’intéressera à l’archéologie des camps forestiers et à la mémoire vivante tandis que le deuxième permettra de reconstituer les variations du lac glaciaire Madawaska. Il reste donc encore beaucoup de belles histoires à écrire au parc national du Lac-Témiscouata. Avis aux amateurs.
Références
Burke, Adrian L. 2000 Lithic Procurement and the Ceramic Period Occupation of the Interior of the Maritime Peninsula. Thèse de doctorat, University at Albany - SUNY.
Eid. P. 2015 Fouilles, découvertes fortuites et inspections archéologiques au parc national du lac-témiscouata,2014. Rapport interne, 132p.
Pierre-Emmanuel Chaillon est responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national du Lac-Témiscouata. chaillon.pierreemmanuel@sepaq.com
Patrick Eid est archéologue au parc national du Lac-Témiscouata. eid.patrick@sepaq.com
Photos:Mathieu Dupuis et Pierre-Emmannuel Chaillon.