À la recherche de la grive Bicknell
17 January 2017
Le parc national de la Jacques-Cartier cherche à valider la présence de la grive de Bicknell sur son territoire. Pour s’y faire, à l’été 2016, des enregistrements sonores ont été effectués, notamment au niveau du point culminant du parc.
Situation de l’espèce
La grive de Bicknell est la plus petite des grives nordiques du genre Catharus. En Amérique du Nord, c’est l’un des passereaux forestiers les plus rares et un de ceux ayant une aire de reproduction parmi les plus restreintes. L’espèce a été désignée « vulnérable » au Québec en octobre 2009, en raison de la petite taille de sa population, de sa répartition fragmentée, de son faible potentiel reproducteur et des diverses pressions exercées sur son habitat.
Figure 1. Grive de Bicknell, Germain Savard
Identification des sites d’intervention prioritaire
La grive de Bicknell est une spécialiste des forêts de conifères. Elle est souvent associée à des peuplements denses non perturbés ou à des peuplements perturbés avec une jeune succession vigoureuse (Aubry et coll., 2011). De plus, plusieurs études ont démontré que l’abondance de grives de Bicknell est corrélée à l’altitude.
En 2014, le parc national de la Jacques-Cartier a mandaté le Regroupement QuébecOiseaux pour identifier les secteurs prioritaires qui devraient être inventoriés. La méthode d’évaluation cartographique utilisée se base sur une grille de pointage liée à des caractéristiques connues de l’habitat de la grive de Bicknell au Québec. La catégorie très prioritaire comprend des peuplements aux caractéristiques jugées excellentes pour l’espèce, soit un type écologique montagnard, ou encore une combinaison de plusieurs éléments à pointage élevé, tels qu’une altitude de 1000 mètres et un peuplement dominant avec sous-dominance en sapins baumiers (Regroupement QuébecOiseaux, 2014).
Visite du point culminant du parc
Les cartes ont permis de prioriser les secteurs à inventorier. À l’été 2016, 6 sites identifiés comme très prioritaires, dont le mont François-de-Laval, point culminant du parc avec 1082 mètres d’altitude, ont été visités. Les inventaires ont été effectués à l’aide d’appareils enregistreurs programmés par l’équipe de M. Yves Aubry du Service canadien de la faune. Ainsi, ils ont pu se dérouler sur plusieurs journées, maximisant les chances d’enregistrer une grive.
L’analyse des résultats sera effectuée au cours de l’hiver. Le tout devrait permettre de valider la présence de la grive de Bicknell au parc national de la Jacques-Cartier, qui s’ajouterait ainsi au parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie et au parc national des Monts-Valins où elle est déjà confirmée.
Références
Aubry, Y., Desrochers, A. and G. Seutin. 2011. Response of Bicknell’s thrush (Catharus bicknelli) to boreal sylviculture and forest stand edges; a radio-tracking study. Canadian Journal of Zoology 89: 474-482.
Regroupement QuébecOiseaux. 2014. Identification des sites d’intervention prioritaires pour la Grive de Bicknell dans le parc national de la Jacques-Cartier. Regroupement QuébecOiseaux, Montréal, 18 pages.
Benoit Dubeau est responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national de la Jacques-Cartier. dubeau.benoit@sepaq.com
Photos du carrousel: Benoit Dubeau