Le lac glaciaire Madawaska, l’ancêtre du Lac Témiscouata
24 janvier 2017
Il y a environ 10 000 ans, un lac de plus de 500 km2 recouvrait le territoire du parc national du Lac-Témiscouata et des environs. Ce lac était alimenté par les eaux de fonte d’un glacier ancré dans les Monts Notre-Dame. Pour retracer l’évolution du territoire, le chercheur Antoine Morissette réalise une thèse de doctorat visant à circonscrire l’emplacement exact du lac Madawaska et à étudier l’évolution de ce lac et ses impacts.
La fonte des glaciers
Le lac Témiscouata est le troisième plus grand lac au sud du St-Laurent après le lac Champlain et le lac Memphrémagog. Par contre, il est bien petit si on le compare au lac qui lui a précédé. Le lac Madawaska était près de 10 fois plus grand et son niveau d’eau se situait à plus de 45 mètres au-dessus du niveau du lac actuel. Ce lac glaciaire a été formé lors du retrait de l’inlandsis laurentidien qui a isolé une calotte glaciaire dans les Appalaches. Cette dernière alimentait en eau et en sédiments le lac glaciaire Madawaska. Ce lac englobait les actuels lacs Témiscouata, Touladi, Squatec et des Aigles et se déversait probablement dans l’estuaire du St-Laurent, alors que ces lacs font maintenant partie du bassin hydrographique de la Baie de Fundy. La présence d’un delta important près de Trois-Pistoles et d’un canyon de 90 mètres dans la vallée de la rivière Rimouski constituent des indices à étudier afin de valider cette hypothèse.
Figure 1. Carte de localisation potentielle du réseau hydrographique du lac Madawaska, Antoine Morissette
Chercher un lac… sur terre
C’est équipé d’un échosondeur et d’un profileur de sous-surface que le chercheur Antoine Morissette a pu réaliser une bathymétrie et une stratigraphie complète du lac Témiscouata. Les prochains lacs à étudier seront les lacs Touladi et des Aigles. Le chercheur utilise aussi différentes méthodes d’analyse et d’échantillonnage pour comprendre le retrait des glaciers et la formation du lac glaciaire. Comme le lac Madawaska était beaucoup plus élevé que les lacs actuels, ses anciens rivages se retrouvent bien loin des grèves actuelles. En faisant des coupes stratigraphiques et en prélevant des échantillons pour la datation, il sera possible de reconstituer la chronologie du territoire.
Figure 2. Profileur de sous-surface (GeoPulse), Antoine Morissette
Le début d’un projet de recherche
Les applications de ces connaissances à la préservation du parc sont nombreuses. La meilleure compréhension des dépôts nous permettra de mieux cerner l’environnement des aquifères. Nous pourrons aussi mieux aménager le territoire en fonction des risques naturels associés aux dépôts. Finalement, nous pourrons avoir une meilleure idée de l’occupation du territoire par l’homme, en fonction de la présence des paléorivages et ainsi mieux gérer notre ressource archéologique.
Samuel Moreau est responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national du Lac-Témiscouata. moreau.samuel@sepaq.com
Antoine Morissette est candidat au doctorat en sciences géographiques de l’Université Laval.
Photos du carrousel: Antoine Morissette