Blogue de conservation

Excellente année en 2011 pour le saumon atlantique de la rivière Jacques-Cartier

7 février 2012


En plus d’une année exceptionnelle au niveau de la montaison du saumon dans la rivière Jacques-Cartier (la rivière à saumon la plus à l'ouest au Québec), la recherche scientifique et les activités d’ensemencements pour cette espèce ont été consolidées.

Le retour du saumon dans les eaux de la rivière Jacques-Cartier

La construction d’un barrage à l’embouchure de la rivière Jacques-Cartier en 1913 avait à l'époque porté un coup de grâce à une population de saumons déjà en déclin. C’est à partir de 1979 que l’idée de réintroduire le saumon dans la rivière a germé, menant à des ensemencements dès 1981 et à un retour l’année subséquente dans la rivière de saumons venant frayer. Ces résultats ont démontré que la rivière permettait encore à l’espèce d’y accomplir son cycle vital. Depuis ce temps, les efforts d’ensemencements, d’amélioration de passes migratoires et de gestion de la pêche n’ont cessé afin de faciliter le retour d’une population viable. Suite à des résultats encourageants au milieu des années 1990, la population, qui est recensée à la passe migratoire de Cap-Santé, n’a fait que diminuer avec des niveaux aussi bas que 163 saumons ayant monté la rivière en 2003. Il fut décidé à ce moment de transporter tous les saumons de la passe migratoire vers les meilleurs sites de frais connus situés dans le parc national de la Jacques-Cartier. On facilitait ainsi la vie du saumon en lui évitant les obstacles plus ou moins franchissables construits au fil du temps par l’homme le long de la rivière. Ceci entraîna inévitablement la fermeture de la pêche au saumon. La carte ci-dessous présente l’emplacement des sites de frais dans le parc et du barrage de Cap-Santé à l’embouchure de la rivière Jacques-Cartier.

Tiré du Rapport du suivi de télémétrie du saumon atlantique (Salmo salar) sur la rivière Jacques-Cartier de Guérard et al. (en préparation).

Montaison de 2011

L’année 2011 marque un grand retour du saumon dans la rivière. Comparativement à une montée de 390 saumons en 2010, l’année 2011 aura été plus qu’encourageante avec 737 saumons. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette augmentation : débit d’eau favorable, augmentation du taux de survie en mer, ensemencements, diminution de la mortalité dans les centrales hydro-électriques lors de la dévalaison, etc. Peu importe ces raisons, les efforts menés pour le rétablissement de cette espèce par la Corporation de bassin de la Jacques-Cartier (CBJC), le ministère des Ressources naturelles et de la faune (MRNF) ainsi que leurs partenaires, dont la Sépaq, ne peuvent être passés sous silence.

L’année 2011 coïncide également avec la diversification des sites de relâchement afin de mieux répartir les saumons atlantiques sur la rivière Jacques-Cartier (voir carte ci-dessus). Des études de substrat (Collectif d’auteurs et CBJC, 2009) ont permis d’identifier de nouvelles frayères potentielles. De plus, un site de relâchement particulier a été choisi afin de mener une étude sur le temps de montaison des saumons.

Des saumons suivis à la trace en 2011

L’objectif principal de l’étude menée en 2011 sur la montaison des saumons est de connaître leur comportement migratoire à l’endroit où sera aménagé l’ouvrage hydroélectrique de la municipalité de Shannon. Ce sont 19 saumons munis d’émetteurs qui ont été relâchés à la mi-juillet à 12 km en aval du futur seuil déversoir et suivis par télémétrie jusqu’au début novembre. Les renseignements récoltés sur le temps que prend le saumon pour franchir l’obstacle naturel que forme le rapide de Shannon ainsi que le positionnement des fosses utilisées par celui-ci pour le repos serviront à l’aménagement d’une passe migratoire. Suite aux travaux, un suivi sera à nouveau réalisé afin de s’assurer que ce nouvel obstacle anthropique n’augmente pas significativement le temps de migration. Conséquemment, des changements pourront être apportés, le cas échéant, aux besoins au système de passe.

Le suivi télémétrique ne se limitait pas qu’à l’emplacement de la future centrale. L’étude s’intéressait également au franchissement d’un obstacle naturel situé juste en aval du parc national (la chute à Pageau), elle voulait identifier les lieux de reproduction dans le parc national de la Jacques-Cartier et désirait en connaître davantage sur le comportement des saumons suite à la fraie.

Les résultats de cette étude seront disponibles au courant de l’hiver 2012. Toutefois, nous savons déjà que 7 saumons se retrouvaient dans les limites du parc durant la période de la fraie et que certains ont parcouru plus de 50 km depuis leurs lieux de relâchement.

Équipe ayant effectué le suivi en vol d’hélicoptère en novembre 2011 grâce à la collaboration des Forces armées canadiennes.

La production salmonicole prise en charge par le MRNF

Une autre bonne nouvelle pour le saumon de la rivière Jacques-Cartier. Le MRNF assurera pour les 5 prochaines années les coûts de production des alevins en pisciculture pour l’ensemencement dans la rivière. Cette mesure aidera grandement la CBJC, qui devait trouver annuellement les fonds nécessaires pour garantir cette activité. Un pas de plus est donc franchi pour mener à terme l’objectif d’ensemencer 3 800 000 alevins sur une période de 10 ans. De plus, ces ensemencements sont accompagnés d’un programme de sensibilisation encadrant l’incubation de 5 000 œufs dans des écoles de la région. Au printemps, ces alevins sont remis à l’eau principalement dans le parc national de la Jacques-Cartier.

Remise à l'eau des alevins de l'école du Val-Joli.

Projet synégétique

Le MRNF a débuté à l’été 2011 un projet provincial visant à évaluer l’état de santé génétique des populations de saumon atlantique. L'étude vise à développer des outils génétiques novateurs permettant de comparer l’état historique et actuel des populations et d’évaluer leur potentiel de persistance à long terme selon leur taille et leur niveau d’ensemencement. Bien que la rivière Jacques-Cartier ne fasse pas partie des 10 rivières retenues annuellement pour ce programme, elle fut tout de même échantillonnée l’été dernier. L’équipe du parc national de la Jacques-Cartier espère pouvoir utiliser les données récoltées ainsi que les différents indices qui seront développés pour intégrer le saumon atlantique parmi ses indicateurs du Programme de suivi de l’intégrité écologique.

Pour en connaître plus : www.cbjc.org


Jean-Emmanuel Arsenault, responsable du service de la conservation et de l'éducation au parc national de la Jacques-Cartier, arsenault.jeanemmanuel@sepaq.com.

Photos : CBJC, Pierre Veillet, Sépaq


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