Blogue de conservation

Route d’homme et barrage de castor

31 mai 2016


Le parc national du Mont-Tremblant comprend plus de 600 kilomètres de chemins et de sentiers en plein cœur de l’habitat du castor. Une démarche éprouvée permet désormais de cohabiter avec ce mammifère qui transforme tant le paysage.

Au parc national du Mont-Tremblant, l’abondance de forêts dominées par les feuillus et le grand réseau hydrographique expliquent la forte présence du castor. En théorie, la population du parc pourrait avoisiner les 3000 castors en automne!

En abattant des arbres, en construisant des barrages et en inondant des portions de forêts, les castors rajeunissent la forêt et créent de nouveaux habitats. Ils contribuent au maintien des populations de plusieurs espèces : l’étang fournit abri ou nourriture aux insectes, grenouilles, poissons, canards et oiseaux insectivores, les arbres morts au milieu de l’étang servent de lieu de nidification pour les pics et canards arboricoles et le cerf de Virginie et l’orignal se nourrissent des plantes aquatiques et repousses d’arbustes autour de l’étang.

La capacité des castors à construire des barrages et à créer des étangs peut entrer en conflit avec l’utilisation que nous faisons du territoire : ponceaux obstrués, routes et sentiers inondés, aires de pique-nique et sentiers déboisés, etc. À la fin des années 1980, on signalait en moyenne 25 sites problématiques par année, dont 21 cas de déportation de castor. Depuis, on a mis au point des techniques d’aménagement visant à concilier l’accessibilité du territoire et la conservation de cette espèce caractéristique du parc. On ne déporte plus que quelques castors par année − il y a même des années sans relocalisation!

Morency, notre champion!

Sur les quelque 600 kilomètres de chemins et de sentiers, plus de 150 sites sont soumis au programme de gestion du castor. Au fil des ans, malgré le nombre croissant d’aménagements, le temps consacré à la gestion du castor a diminué de façon importante. Nombre de méthodes ont été mises à l’essai.  Parmi celles-ci, le cube Morency est notre champion. Il empêche le castor de colmater l’entrée d’eau du tuyau. Fait de treillis à ciment, on peut l’installer sur des piquets et le planter dans le fond de l’étang ou le renforcer avec des tiges d’acier soudées. On peut également le lester avec de la pierre. Un tuyau oriente l’eau en aval du barrage et relie le cube au ponceau de la route ou à une structure grillagée.

Figure 1 Cube Morency avant son installation

Mieux vaut prévenir que guérir

Souvent installés à des fins préventives et pouvant correspondre à l’une des premières étapes de gestion d’un problème avec un castor, les pré-barrages sont pratique courante dans notre démarche. Ils sont parfois faits avec des pierres de grandes dimensions, mais la simplicité d’aménagement nous incite à privilégier l’utilisation de treillis métalliques, qui nécessitent bien entendu un nettoyage périodique, contrairement aux blocs de pierre.

Figure 2 Pré-barrage en pierre


Hugues Tennier est responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national du Mont-Tremblant. tennier.hugues@sepaq.com

Stéphane Perreault est garde-parc naturaliste au parc national du Mont-Tremblant.

Jacques Tremblay est garde-parc technicien au parc national du Mont-Tremblant.

Photos: Jacques Tremblay et Martin Fleury

Vidéos: Jacques Tremblay


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