Blogue de conservation

Des millénaires d’histoire dans les terrasses de la baie Sainte-Marguerite

9 June 2015


La notoriété de la richesse du secteur de La Baie-Sainte-Marguerite n’est plus à faire, tant sur le plan écologique qu’historique. Depuis des milliers d’années, des hommes y sont venus pour chasser à l’embouchure du plus grand tributaire du fjord du Saguenay. C’est ce que nous dévoilent les travaux de l’archéologue Erik Langevin de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

L’altitude des terrasses comme indicateur du temps

La rivière Sainte-Marguerite est l’un des rares endroits au Québec dont les terrasses peuvent témoigner de la presque totalité de l’histoire de l’occupation humaine de la province. L’altitude des sites archéologiques est révélatrice de la chronologie de l’occupation étant donné que le niveau d’eau du fjord du Saguenay était plus élevé il y a quelques millénaires, suite au retrait récent du glacier. Le littoral d’alors, où s’installaient les occupants, se situe aujourd’hui à plusieurs mètres d’altitude, dans les terrasses supérieures. Encore peu connue, la terrasse la plus élevée, à 45 m d’altitude, témoigne d’une occupation de plus de 7 000 ans, ce qui en fait l’un des sites les plus anciens du Québec.

Figure 1 Fouilles archéologiques

Un secteur d’abord convoité pour le phoque

La terrasse s’élevant à 25 m est celle qui a été davantage explorée par l’équipe de l’UQAC. Les artéfacts trouvés, composés de plus de 2 000 000 pièces en 2015, témoignent d’une occupation soutenue et récurrente datant d’environ 5 000 ans. On estime qu’une quinzaine d’individus y auraient débité entre 400 et 500 phoques du Groenland (Pagophilus groenlandicus), alors visiblement abondant en ce lieu. Étonnamment, il semble que le secteur était visité principalement l’hiver, sous la forme de « camp de chasse », par des populations de la côte Est américaine. En dépit des conditions hivernales, la productivité alimentaire du secteur combinée à une protection naturelle contre les vents dominants en faisait un emplacement stratégique.

Puis, les Amérindiens de la vallée du Saint-Laurent

La terrasse située à 15 m témoigne quant à elle d’une histoire plus récente, soit environ 2 000 ans. Tout porte à croire que ces Amérindiens provenaient de la vallée du Saint-Laurent. Les pièces retrouvées sur cette terrasse semblent confirmer une alimentation plus variée, où le phoque ne figurait plus qu’en complément. Encore plus récemment, la terrasse inférieure, haute de 5 m à 10 m, livre, de son côté les secrets d’une occupation encore plus récente par des groupes apparentés aux Iroquoiens et aux Algonquiens. On y trouve de nombreux fragments de vases en céramique, laissant croire à une occupation assez soutenue du territoire.

Figure 2 Fouilles archéologiques

Une invitation à la découverte

La majorité des visiteurs fréquentant la baie Sainte-Marguerite s’y rendent pour mieux connaître l’univers du béluga. Lors de votre prochaine visite, étendez votre regard au-delà de la baleine blanche, et côtoyez les naturalistes pour en apprendre davantage sur l’occupation humaine imprégnée dans le paysage.

Références

Langevin, Érik, Joane Girard, Alain Rioux et Hélène Dionne. 2002. Embouchure de la rivière Sainte-Marguerite, Fjord du Saguenay. Année 2001. Laboratoire d’archéologie, Université du Québec à Chicoutimi.


Nancy Lavoie est garde-parc technicienne au parc national du Fjord-du-Saguenay.

Yana Desautels est responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national du Fjord-du-Saguenay. desautels.yana@sepaq.com

Photos: Nancy Lavoie.


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