Blogue de conservation

Vous avez dit : « phoques d’eau douce »?

2 juin 2015


Le portrait faunique du parc national Tursujuq se démarque par un élément unique au Québec : la présence d’une population de phoques communs habitant les eaux douces du secteur des lacs des Loups Marins. Cette population en voie de disparition au Canada sera l’objet d’un projet d’acquisition de connaissances bien particulier au cours des deux prochaines années.

Un projet collaboratif basé sur les connaissances traditionnelles autochtones

La société Makivik, le ministère des Pêches et des Océans (MPO) et le parc national Tursujuq collaboreront pour la mise en place de ce projet dont l’objectif est d’augmenter les connaissances sur l’abondance et la répartition géographique de cette sous sous-espèce de phoque commun. Dans un premier temps, les connaissances traditionnelles autochtones seront collectées auprès des communautés inuites d’Umiujaq et de Kuujjuarapik et de la communauté cri de Whapmagoostui afin de diriger, dans un deuxième temps, la planification et la mise en œuvre d’un inventaire aérien.

Écologie de la population

La population de phoque d’eau douce des lacs des Loups Marins constitue une des rares populations de phoques au monde s’étant adaptée exclusivement au milieu dulcicole et demeurant entièrement isolée du milieu marin. L’hypothèse de leur présence dans ces eaux douces propose que des phoques de la population originellement marine auraient pénétré dans les terres grâce à l’incursion de la mer de Tyrrell (mer postglaciaire ayant suivi le retrait du glacier) sur le continent, puis ils auraient été emprisonnés dans le bassin des lacs des Loups Marins à la suite du retrait des eaux, il y a entre 8 000 et 3 000 ans. Se nourrissant principalement d’omble de fontaine (Salvelinus fontinalis), de touladi (Salvelinus namaycush) et de corégone (Coregonus sp.), ces phoques d’eau douce utilisent les zones de polynies en hiver (eau libre de glace) où la respiration et les sorties hors de l’eau sont facilitées.

Parc national Tursujuq

D’une superficie de 26 107 km2, le parc national Tursujuq est situé à l’est de la communauté inuite d’Umiujaq. Troisième parc créé sur le territoire du Nunavik, il est la plus grande aire protégée du Québec. Le secteur des lacs des Loups Marins est situé dans le nord-est du parc national Tursujuq à quelque 150 km dans les terres et est en amont de la rivière Nastapoka. La création du parc national Tursujuq en juillet 2013 permet donc la protection de la totalité de l’habitat connue de cette population unique au Québec.

Figure 1 Aires d'intérêt faunique du parc national national Tursujuq

Références 

ARK. 2007. Projet de parc national des Lacs-Guillaume-Delisle-et-à-l’Eau-Claire. État des connaissances. Administration régionale Kativik, Service des ressources renouvelables, de l’environnement et de l’aménagement du territoire, Section des parcs, Kuujjuaq, Québec.

Archéotec inc. 1990. Le phoque d’eau douce. Éléments d’une compréhension de son utilisation par les autochtones du Nouveau- Québec. Rapport présenté à Hydro-Québec, Vice-présidence Environnement. ARCHÉOTEC inc., Montréal.

Consortium Gilles Shooner & Associés, Somer et Environnement Illimité inc. 1991a. Complexe Grande-Baleine. Avant-projet Phase II. Bilan des connaissances sur le phoque d’eau douce. Rapport final présenté à Hydro-Québec, Vice-présidence Environnement, Montréal, Québec. 150 p.


Véronique Nadeau est responsable à la conservation et à l’éducation pour les parcs nationaux du Québec au Nunavik – Administration Régionale Kativik. vnadeau@krg.ca

Photos: François Martin (Makivik).


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