LA MOUSSE LUMINEUSE N’EST PAS LA SEULE VEDETTE!
17 mai 2016
À l’automne 2015, un inventaire des bryophytes a été réalisé dans le secteur des abris sous-roches au parc national de la Jacques-Cartier. Jusqu’à présent, aucune étude des bryophytes de la vallée de la rivière Jacques-Cartier n’avait été publiée.
Une grande richesse à découvrir
L’inventaire a permis en 1½ journée de documenter la présence de 42 espèces de bryophytes dans une très petite superficie, soit un secteur de 50 X 150 mètres. Au moins 8 espèces sont remarquables à divers titres, dont 1 espèce très rare au Québec.
Le secteur des abris sous roches, dont on soupçonnait la grande richesse, peut seulement être visité en compagnie d’un garde-parc naturaliste dans le cadre d’une activité de découverte. On s’assure ainsi de préserver ce milieu luxuriant, tout en permettant d’en saisir toute l’importance.
L’or des lutins
On connaissait déjà la présence de la mousse lumineuse (Schistostega pennata), qui porte le nom d’or des lutins. Cette petite mousse présente une adaptation surprenante pour les endroits sombres et habituellement dénués de végétation, comme le plafond des grottes. L’intensité de la lumière nécessaire pour faire la photosynthèse étant trop faible, les parois des cellules agissent comme de petits miroirs convergents qui concentrent la lumière sur les chloroplastes. Ainsi, cette espèce peut survivre en présence d’un minimum de lumière. En ayant le bon angle, il est possible de percevoir un reflet vert éclatant, un peu comme dans les yeux d’un chat la nuit.
Le dicranodonte effeuillé
Le dicranodonte effeuillé (Dicranodontium denudatum) est une espèce à statut particulier inscrite sur la Liste des plantes invasculaires susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec. Bien que cette espèce fût mentionnée à de nombreuses reprises dans la province de Québec, la plupart des observations se sont avérées erronées. Les populations connues étant largement espacées, il pourrait s’agir de relique de la fin de la dernière ère glaciaire. Le dicranodonte effeuillé se trouve sur les affleurements rocheux acides et humides, la litière humide, le bois pourri ou la tourbe. Il a été observé à 2 endroits sur le site à l’étude.
Figure 1 Occurrence du dicranodonte effeuillé au Québec, Jean Faubert
Références
FAUBERT, Jean (2013). Flore des bryophytes du Québec-Labrador. Volume 2 : Mousses, première partie. Société québécoise de bryologie, Saint-Valérien, Québec, xiv + 402 pages.
Benoit Dubeau est responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national de la Jacques-Cartier. dubeau.benoit@sepaq.com
Jean Faubert est biologiste, Société québécoise de bryologie.
Photos du carrousel: Jean Faubert et Mathieu Dupuis