Blogue de conservation

L’omble chevalier de la Koroc: quand la recherche joint nature et culture

29 mars 2016


Parcs Nunavik, en collaboration avec le Nunavik Research Centre à Kuujjuaq, a instauré en décembre 2015 un programme de suivi de la population d’omble chevalier de la rivière Koroc dans le parc national Kuururjuaq, une espèce qui fait l’objet de pêche traditionnelle par les Inuits de Kangiqsualujjuaq. Il s’agit en fait du poisson le plus convoité et consommé dans les communautés nordiques : le projet est donc un bel exemple où les préoccupations en matière de conservation des patrimoines naturel et culturel sont inter reliées.

Les Parcs du Nunavik contrastent

Mais qu’est-ce que le Nunavik? Vous voyez cette vaste région au nord du 55e parallèle occupant le tiers de la province du Québec? Il s’agit du Nunavik, englobant 14 villages nordiques inuits et un village cri. L’année 1975 est celle d’un événement MARQUANT pour les peuples de cette région: la signature de la convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ). Cette entente conclue entre les gouvernements du Québec et du Canada et les communautés inuites et crie reconnaît et protège ainsi les droits et intérêts des Inuits et Cris sur le territoire du Nunavik: ils sont bénéficiaires de la CBJNQ. Dans les parcs nationaux du Nunavik, leurs droits prévalent donc sur la réglementation des parcs nationaux. Ainsi, dans ces parcs, les bénéficiaires sont en droit, entre autres, de poursuivre la pratique de leurs activités traditionnelles telles que la chasse, la pêche et le piégeage.

L’omble chevalier de la rivière Koroc

L’omble chevalier est une espèce de poisson qui peut être résidente ou anadrome. Un individu résident restera toute sa vie en eau douce, alors qu’un individu anadrome effectue des migrations entre l’eau douce et l’eau salée. Il demeure les premières années de sa vie en eau douce et lorsqu’il atteint une certaine taille, migre vers la mer pour s’alimenter tout l’été. À la fin de l’été ou au début de l’automne, il revient en eaux douces où il passera tout l’hiver sous la glace.

La rivière Koroc, à l’intérieur du parc national Kuururjuaq, coule sur 167 km, du Labrador jusqu’à la baie d’Ungava. Elle abrite une population importante d’ombles chevaliers anadromes et résidents. Par ailleurs, au sein même de ce parc, Qamanialuk constitue un site de pêche traditionnelle hivernal pour les habitants de Kangiqsualujjuaq, communauté avoisinante au parc national Kuururjuaq. Afin de préserver la pratique des activités traditionnelles des Inuits et des générations futures, Parcs Nunavik, en collaboration avec le Nunavik Research Center, ont instauré en 2015 un suivi de la population d’omble chevalier de cette rivière.

Le suivi en partenariat avec la communauté locale : un ajout incroyable aux connaissances nordiques

Le projet de suivi de la population d’omble chevalier au parc national Kuururjuaq a été instauré dans le but d’établir un « niveau de référence » pour surveiller tous changements de la population et de son état de santé. Pour ce faire, les gardes-parcs se sont rendus à Qamanialuk en décembre 2015, période de l’année où les gens de la communauté s’y rassemblent pour pêcher, afin de prendre les données sur les poissons fraîchement sortis de la rivière.  Ceci a permis de réduire l’impact du prélèvement sur la population étant donné que la collecte de données s’est effectuée sur les mêmes poissons pêchés par les membres de la communauté. Des données sur la longueur, la masse, le sexe et l’âge ont été récoltées. Des échantillons de tissus ont également été prélevés afin d’analyser au Nunavik Research Centre les contenus de différents métaux dans la chair des poissons.

Figure 1 Analyse des métaux dans la chair des poissons réalisée au Nunavik Research Centre, Kuujjuaq.

Les données recueillies en décembre dernier sont en cours d’analyse; les résultats de cette étude sont donc à venir. Ils permettront de mieux gérer la population d’omble chevalier présente dans le parc, ressource importante pour la communauté locale. Également, cette recherche a permis d’amasser un nombre important d’échantillons de tissus pour les analyses de métaux, qui peuvent potentiellement être des contaminants ou être au contraire bénéfiques pour l’homme. Dans un contexte où les recherches sont rares et coûteuses au Nunavik, ceci représente un bel et significatif ajout à la banque de données du Nord!


Elise Rioux-Paquette est responsable du service de la conservation et de l’éducation pour les parcs du Nunavik. epaquette@krg.ca

Photos: Ulysse Lefebvre, Michael Papple et Michael Kwan.


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