À la découverte des plantes et champignons comestibles d’Aiguebelle
8 octobre 2013
Suite à la parution du livre Champignons comestibles de la forêt boréale ( http://www.abcdeledition.com/livre-detail/livre-57.html) en mai 2013, nous avons invité l’auteur et botaniste, M. Roger Larivière, à venir partager ses connaissances en plein air dans le cadre d’ateliers portant sur l’identification des plantes et champignons comestibles qui jonchent les forêts d’Aiguebelle. L’expérience fut un succès!
D’abord, éduquer pour mieux conserver
Dans un premier temps, la mission de conservation du parc national d’Aiguebelle a été rappelée lors de chacun des ateliers. Un garde-parc naturaliste prenait soin d’expliquer à l’auditoire que la cueillette de végétaux était seulement permise pour la consommation personnelle et à des fins d’identification durant les ateliers. Rappelons aussi que dans un parc national, il n’est pas permis de sortir des sentiers et que toute cueillette, même pour consommation personnelle, est interdite en zone de préservation.
Imaginons si chacun des visiteurs du parc remplissait son sac à dos de bleuets au passage, ou encore s’aventurait en pleine forêt à la recherche de champignons, sans tenir compte des sentiers, on comprend vite que nous porterions atteinte à l’intégrité écologique de notre parc.
Des ateliers captivants
L’ancien professeur de biologie au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue a su captiver petits et grands lors des ateliers présentés au centre de découverte en août et septembre derniers.
Lors du premier atelier portant sur les plantes comestibles de la forêt boréale, l’auteur est allé bien au-delà des simples bleuets, fraises et framboises que nous connaissons déjà…
Sauriez-vous différencier au goût les deux variétés de bleuets (Vaccinium myrtilloides et Vaccinium angustifolium)? Peu d’entre nous ont été capables de relever ce défi, bien que nous ayons appris à les différencier par leur allure; Vaccinium angustifolium, plus sucré, a le bout de la tige glabre, alors que celle de Vaccinium myrtilloides est pubescente.
Outre les bleuets, la viorne trilobée (Viburnum trilobum), mieux connue sous le nom de pimbina, la viorne cassinoïde ou bourdaine (Viburnum cassinoides), le noisetier à long bec (Corylus cornuta), le sorbier d’Amérique (Sorbus americana) et la ronce pubescente (Rubus pubescens) étaient aussi à l’honneur, sans parler des plantes herbacées comestibles qui ajoutent couleurs et odeurs à nos assiettes…
Au cours des deux autres ateliers, M. Larivière a guidé son auditoire à travers l’identification, la cueillette et la dégustation des champignons qui tapissent nos forêts en automne. Bien entendu, il a dû faire un choix parmi les quelque 3500 espèces de champignons retrouvées au Québec et seulement les plus abondantes (et les plus savoureuses!) ont été présentées.
Morille noire ou conique
La mission des ateliers qui étaient «apprendre tout en s’amusant» fut accomplie avec succès! Dans l’auditoire, certains étaient présents pour le plaisir des papilles gustatives, alors que d’autres participaient pour approfondir leurs connaissances sur le sujet. Tous ont été satisfaits; pendant que les premiers s’échangeaient leurs recettes secrètes, les autres tentaient d’identifier les plantes et champignons moins connus…
Des découvertes surprenantes
Lors de l’excursion pour l’identification des plantes comestibles, une plante plus rare en région a été observée. Il s’agit de la galane glabre (Cheloneglabra), dont le nom vernaculaire signifie «tête de tortue». Il suffit d’observer l’allure de la fleur blanche pour comprendre l’origine de son nom! Plusieurs n’avaient jamais vu cette plante qui se trouve pourtant dans un sentier très fréquenté du parc.
Galane glabre / Flore du Québec 2013
De plus, lors du second atelier portant sur les champignons comestibles, une amanite vireuse (Amanita virosa) a été découverte à proximité du centre de découverte. La forêt boréale étant le paradis de l’amanite vireuse, il n’est pas rare d’observer ce champignon MORTEL. L’auteur en a d’ailleurs profité pour rappeler l’importance de bien identifier un champignon avant de le manger. Gare à vous, restez éloignés des champignons blancs au chapeau campanulé et mamelonné dont le pied porte un anneau membraneux et inséré dans une volve membraneuse lobée! Ce conseil pourrait vous sauver la vie!
Ce n’est qu’un début!
Également auteur de l’ouvrage Les plantes de la forêt boréale, Roger Larivière a puisé ses connaissances sur le terrain et dans la littérature, mais aussi dans le savoir de la communauté algonquine de Pikogan qui lui a inspiré un troisième livre, Les richesses d’un peuple : les Abitibiwinnik de Pikogan. www.abcdeledition.com/livre-detail/livre-58.html
Grâce aux connaissances de M. Larivière et aux richesses que nous offre le parc national d’Aiguebelle, plusieurs projets offerts en collaboration avec l’équipe de conservation et éducation du parc pourraient voir le jour. D’ici là, le prochain rendez-vous est au printemps 2014 pour en savoir davantage sur les morilles et le pleurote du peuplier!
Marie-Claude Provost est responsable du service de la conservation et de l'éducation au parc national d'Aiguebelle. provost.marieclaude@sepaq.com
Photos : Bob Monette ; Pierre Fortin; Roger Larivière; Flore du Québec 2013