Un champion des champignons au Québec
15 septembre 2015
Situé au sud de la province et comptant plusieurs écosystèmes forestiers exceptionnels, le parc national d’Oka possède tous les atouts nécessaires pour abriter une multitude d’espèces rares de champignons et serait ainsi un chef de file à ce niveau au Québec!
Ça pousse comme de vrais champignons!
La poussée des champignons est grandement influencée par la quantité de précipitations reçues durant l’été. Or, lors de l’été 2004, le parc aurait reçu 3 fois plus de pluie que la normale. À ce moment, un inventaire de champignons mené par un mycologue renommé a pu documenter une poussée de champignons tout à fait exceptionnelle et a relevé 79 espèces, portant le total du parc à 126. Parmi celles-ci, 39 espèces sont considérées rares ou très rares et 3 représenteraient même les seules occurrences au Québec! C’est au moyen d’une entente récente avec le mycologue en question que nous avons pu connaître la grande richesse mycologique du territoire…relevant toute l’importance des projets de recherche effectués par nos partenaires!
Figure 1 Collecte de champignons divers
Trois petits trésors
Les 3 espèces uniques au parc sont Coltricia greenei, Tylopilus intermedius et Lactarius maculatipes. Ces espèces se retrouvent toutes chez nos voisins américains; leur présence dans la région montre donc la limite nord de leur aire de distribution. C. greenei possède des rayons caractéristiques sous le chapeau qui ne sont pas représentés chez aucune autre espèce au Québec (Yves Lamoureux 2015). T. intermedius fait partie du groupe de champignons plus connus des « bolets », et L. maculatipes compte quant à lui parmi les champignons dits « lactaires ».
Une forêt à protéger
Il reste fort à parier que le parc abrite beaucoup plus que 126 espèces de champignons. En effet, les communautés uniques d’arbres du parc, notamment la chênaie à caryer dans le secteur du camping, laissent croire que plusieurs espèces encore insoupçonnées s’y cachent, tapies sous le sol. Les efforts d’inventaire se poursuivront au cours des prochaines années. Entre temps, la protection des sous-bois entre les sites du camping, et en particulier la conservation du bois mort au sol, prend toute son importance. On dit souvent le contraire, mais dans ce cas-ci, il ne reste plus qu’à attendre… la pluie!
Référence
Lamoureux, Yves. 2015. Champignons forestiers du parc national d’Oka, secteur du camping : Partie 2, cartographie des espèces rares et particularités écologiques des peuplements forestiers. Rapport soumis au parc national d’Oka. 9 p.
Raphaël Goulet est responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national d’Oka. goulet.raphael@sepaq.com
Photos: Yves Lamoureux (Cercle des mycologues de Montréal) et Raphaël Goulet.