Une année marquante pour le béluga du Saint-Laurent
4 novembre 2014
L'année 2014 fut marquée par la parution de résultats scientifiques suggérant que la situation du béluga du Saint-Laurent serait plus précaire qu'elle ne l'était lors des dernières évaluations. Sa protection dépend de nos actions et demeure l'affaire de tous.
Une population en déclin
Le béluga de l'estuaire du Saint-Laurent est considéré menacé en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Malgré ce statut inquiétant, la population semblait s'être stabilisée entre 1988 et 2006. Cependant, les constats des dernières années ont amené les scientifiques à pousser plus loin l'analyse de la situation. Parmi ces derniers constats, on note :
• Un nombre de signalements de carcasses de nouveau-nés inhabituellement élevé en 2008, 2010 et 2012;
• Des estimations d'abondance atteignant les niveaux les plus faibles depuis 1988;
• Une proportion dénombrée de veaux âgés entre 0 et 1 an en diminution.
Un modèle intégrant ces derniers résultats révèle que la population serait plutôt en déclin depuis les années 2000, avec comme dernier effectif 889 individus en 2012. Voilà un portrait assez alarmant!
Les causes identifiées
Les spécialistes remarquent que le déclin des années 2000 concorde avec une série de changements environnementaux importants dans leur écosystème. On remarque notamment la présence de contaminants toxiques dans la chaîne alimentaire ; une réduction dans l’abondance, la disponibilité et la qualité des proies ; la dégradation et la modification de leur habitat ainsi que le dérangement humain. Effectivement, la navigation commerciale, la popularité croissante des excursions en mer et la pratique d'activités nautiques de plaisance, motorisées ou non, contribuent au bouleversement des écosystèmes lorsqu'elles ne sont pas pratiquées de manière responsable.
Que faire pour protéger le béluga du Saint-Laurent?
Plusieurs mesures sont en application afin de maximiser la protection du béluga dans l'estuaire. Le Règlement sur les activités en mer au parc marin du Saguenay—Saint-Laurent oblige tout utilisateur à maintenir une distance d'approche de 400 mètres de l'animal. Lors d'une rencontre fortuite, l'opérateur doit circuler à une vitesse réduite pour s'éloigner le plus rapidement possible et ce, qu’il soit plaisancier, excursionniste ou kayakiste. De plus, le zonage du parc délimite des secteurs de protection où les activités y sont restreintes. Au-delà de l'aire marine protégée, les gestionnaires du parc travaillent de concert avec des partenaires externes pour la conservation de l'espèce. Ils s'impliquent notamment au niveau des entreprises d'excursion via l'Alliance Éco-Baleine, de la marine marchande et effectuent de la sensibilisation auprès des plaisanciers et kayakistes. La collaboration de tous les utilisateurs est importante et chaque geste peut faire une différence. Rester informé des enjeux environnementaux et s'impliquer au sein de sa communauté demeurent essentiels pour maximiser sa sauvegarde.
Figure 1 Mise en garde sur la distance d’approche à respecter avec un béluga
Pour plus d'informations sur les comportements écoresponsables à adopter en mer, consultez les dépliants et brochures du parc marin, ainsi que le dernier avis scientifique émis par Pêches et Océans Canada au sujet du trafic maritime dans l'estuaire du Saint-Laurent. Bonne visite!
Références
MPO. 2014. Situation du béluga (Delphinapterus leucas) de l'estuaire du fleuve Saint-Laurent. Secr. can. de consult. sci. du MPO. Avis sci. 2013/076.
MPO. 2014. Répercussions de la déviation du trafic maritime dans l'estuaire du Saint-Laurent sur le béluga (Delphinapterus leucas) : le Secteur des sciences à l'appui de la gestion des risques. Secr. can. de consult. sci. du MPO, Avis sci. 2014/004.
Audrey Jobin Piché est garde-parc technicienne au parc marin du Saguenay—Saint-Laurent.
Photos: Renaud Pintiaux.