Observer la biodiversité au temps des changements climatiques

Quels effets les changements climatiques ont-ils sur la biodiversité du Québec? Pour le savoir, un vaste projet récolte des données dans l’ensemble de la province, y compris dans les parcs nationaux du Québec.

Parc national de Frontenac Parc national de Frontenac
Parc national de Frontenac Mathieu Dupuis
© MFFP
© MELCC - Chantale Langevin

Caméras en forêt, enregistreurs acoustiques dans la tourbière, sonde de niveau d’eau dans un marais : en 2022, tous ces instruments prendront place au parc national de Frontenac dès la fonte des neiges. Ils y amasseront des informations jusqu’à l’automne.

Et ce ne sera pas la première fois. En 2017, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) et le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) sont venus sur ce territoire pour installer ces appareils, en collaboration avec l’équipe de la conservation du parc national. Ce projet pilote donnait le coup d’envoi au Réseau de suivi de la biodiversité du Québec, dont l’objectif consiste à détecter les modifications à long terme liées au climat dans les écosystèmes de la province.

Le parc national de Frontenac figurait alors parmi les dix premiers sites et comme le premier parc national à participer à cette riche récolte d’informations qui se répète tous les cinq ans. Le moment d’y recueillir de nouvelles données est donc arrivé. C’est pourquoi les caméras, enregistreurs et sondes seront de retour. En parallèle, de multiples inventaires se réaliseront dans les mêmes milieux que la première fois, au même titre que des dénombrements d’espèces végétales, des collectes d’insectes ou de zooplancton et des prises d’échantillons d’eau pour prélever l’ADN des poissons présents dans le Grand lac Saint-François.

À la grandeur du Québec

Depuis cinq ans, ces campagnes de terrain s’étendent à d’autres parcs nationaux et aires protégées de la province. En tout, près de 300 sites ont déjà été échantillonnés en suivant les mêmes protocoles.

« Ce qui est intéressant, c’est qu’on pourra comparer nos données à l’échelle du Québec, soulève Stéphane Poulin, responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national de Frontenac. Je connais bien le territoire du parc national, mais maintenant je vais aussi savoir ce qui se passe dans les parcs voisins et les endroits au sud et au nord qui présentent des habitats similaires ou différents. »

© MELCC - Étienne Lacroix-Carignan

Financé d’abord par le Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques, puis par le Plan pour une économie verte 2030, le Réseau a établi 75 indicateurs pertinents pour estimer la capacité des écosystèmes à s’adapter à ces bouleversements. Ces indicateurs vont de la date du verdissement de la végétation à la diversité et à la répartition des libellules et des papillons dans les milieux humides.

« Pour pouvoir isoler l’effet des changements climatiques, il faut diminuer le plus possible tout autre facteur qui pourrait influer sur les changements à observer », explique Sabrina Courant, cheffe de l’équipe Orientations stratégiques et suivis en biodiversité à la Direction de la protection des espèces et des milieux naturels du MELCC. Pas étonnant que le Réseau se soit tourné vers la Sépaq lorsqu’est venu le temps, en 2016 et 2017, de mettre à l’épreuve sa méthodologie sur le terrain. Les parcs nationaux du Québec comptent parmi les endroits les mieux protégés des pressions liées aux activités humaines.

Traquer les changements

© MFFP

« Le but du réseau de suivi est d’observer les changements à grande échelle et de voir des tendances liées, notamment, au climat », précise Anouk Simard, biologiste au MFFP. « L’objectif premier n’est donc pas forcément de faire le suivi des espèces rares, menacées, vulnérables ou emblématiques, mais plutôt de repérer les espèces qui réagissent le plus rapidement aux changements climatiques », ajoute Sabrina Courant.

Des insectes qui passent souvent inaperçus peuvent en effet en dévoiler beaucoup sur l’évolution de la situation. « Différentes espèces d’araignées semblent suivre des zones climatiques précises, explique Anouk Simard. Ce sont donc de bonnes espèces à cibler comme indicateurs, car leur diversité semble corrélée avec les données climatiques et non les habitats. » Quant aux libellules et papillons des milieux humides, ils bougent rapidement. Les retrouver dans des régions plus au nord que leur aire habituelle de répartition pourrait donner de précieux indices.

Les résultats de cette étude seront diffusés sur un portail en ligne. « On travaille avec des chercheurs universitaires en analyse statistique du Centre de la science de la biodiversité du Québec, mais également avec des designers graphiques de l’Université Laval », indique Anouk Simard. Des illustrations vulgariseront les découvertes pour le grand public. Un tableau de bord, adapté aux besoins du milieu scientifique, aidera les biologistes et toutes les personnes concernées par l’aménagement du territoire à prendre des décisions éclairées en matière de sauvegarde des milieux naturels.

En offrant une vue d’ensemble sur la biodiversité du Québec, le Réseau permet d’intégrer celle-ci à la prise de décision afin que toute la population et les parcs nationaux puissent veiller à la bonne santé de ces milieux.

Pour en savoir plus, consultez ce reportage réalisé dans le cadre de l'émission La semaine verte.

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