Le guide ultime du parfait café en camping

Pour Maxime Richard, copropriétaire des cafés Pista, à Montréal, le café en plein air, c’est l’expérience gustative par excellence. « On dirait qu’on ne devrait pas avoir accès à ça tellement c’est bon! » lance-t-il en riant. Il avoue être un vrai snob de café, et si sa machine à espresso lui manque un peu lorsqu’il est en nature, il trouve aussi un certain équilibre à ce rituel plus rustique : « Quand t’es dehors, le café goûte encore meilleur. »

Faire son café en camping permet de reconnecter avec le processus et de tester des méthodes qu’on n’a pas souvent la chance d’utiliser à la maison, poursuit Maxime.

Que vous soyez à la recherche d’une tasse de café noir, d’un espresso bien serré, d’un café de cowboy ou même d’un cappuccino au lait d’avoine, le camping ne devrait pas être un frein à vos envies. L’important est de se rappeler que parmi la pléthore de gadgets offerts aux caféinomanes adeptes de camping, peu de techniques réussissent à éclipser les méthodes de préparation classiques.

Pour savoir laquelle vous convient le mieux, il suffit de vous poser quelques questions de base.

1. Pour combien de personnes ferez-vous du café?

« C’est la première question à se poser, dit Maxime Richard. Est-ce que je vais devoir moudre du café à la main pour mes huit amis? Ou est-ce que je prépare seulement deux tasses? »

Si vous êtes avec un groupe, préférez le café prémoulu. Maxime recommande de le faire moudre dans votre café de quartier favori avant votre séjour en nature. Ainsi, vous aurez un café d’excellente qualité, peu importe la méthode choisie par la suite. « Dans nos établissements, on a des moulins de si haute qualité que même si ça fait quatre jours que le café est moulu, il sera meilleur que si tu le mouds avec un moulin manuel de qualité inférieure », explique-t-il.

En effet, la régularité de la mouture affecte énormément la qualité du produit final, car elle permet de mieux contrôler l’infusion.

Pour les expéditions en duo ou en solo, il peut être intéressant d’investir dans un moulin manuel de bonne qualité, dont le prix d’entrée de gamme est de 50 $. Attention, vous devrez alors exercer vos bras! Ce type de moulin permet toutefois une mouture de très haute qualité, et ce, sans électricité.

Parmi les avantages de moudre votre café sur place, notons la fraîcheur du café, qui déploiera alors toute sa complexité; la possibilité de choisir le type de mouture, si vous décidez de changer votre méthode d’infusion; ainsi que la liberté d’apporter plusieurs torréfactions différentes, selon vos envies.

Et pourquoi ne pas élever votre expérience au prochain niveau en torréfiant vos grains de café verts sur le feu? Plusieurs brûleries offrent du café non torréfié aux particuliers. On peut aussi le commander en ligne. Il vous suffira alors de faire chauffer doucement vos grains dans une poêle en fonte posée sur les braises, de 8 à 10 minutes, tout en les agitant. Vous pouvez allonger le temps de torréfaction selon vos goûts (soyez à l’écoute des premiers craquements des grains, c’est le signe d’une torréfaction légère).

En quelques minutes, vous venez de vous offrir la meilleure expérience de café qui soit, et ce, en pleine nature! Même si le café que vous venez de torréfier peut être moulu et infusé aussitôt qu’il est froid, mieux vaut attendre le lendemain pour qu’il soit au mieux.

2. Quel genre de café avez-vous envie de boire?

Une fois que vous avez décidé de faire moudre votre café, il faut savoir quelle méthode d’infusion adopter. Bien sûr, le nombre de convives autour de la table de pique-nique influencera votre choix, mais plus que tout, il faut décider quel genre de café vous aimez boire.

Pour un groupe de plus de quatre personnes, tournez-vous vers une grande cafetière italienne de six tasses ou plus. Elle donnera un café noir très corsé et dense que vous pourrez allonger avec de l’eau chaude ou encore étirer avec du lait ou de la crème. Il est bien de choisir une torréfaction plus foncée avec ce type de cafetière.

La cafetière à piston, ou presse française, permet aussi de faire de grosses quantités. Le café peut alors varier en intensité, de très doux et fruité à corsé, selon la torréfaction et le temps d’infusion.

Avec son filtre en métal, la cafetière à piston laisse toutefois passer des sédiments fins, ce qui confère plus de matière au café, le rendant moins limpide. Elle est également très fragile, car elle est souvent faite en verre. Cela dit, il existe des modèles en métal et même une option sans carafe que vous pouvez utiliser avec un kit de cuisson léger de type Jetboil.

Si vous préférez un café plus limpide, franc, il y a l’option du café filtre, ce qu’on appelle le « pour over » en anglais. Cette méthode utilise un filtre en papier et un porte-filtre de forme conique. Pour les grosses quantités, il vous faudra aussi une carafe. Si vous ne faites qu’une tasse ou deux, vous pouvez laisser couler le café directement dans votre tasse.

Parmi les méthodes les plus populaires en camping auprès des grands adeptes de café, il y a l’AeroPress. Ce système composé de deux cylindres de plastique est d’une simplicité déconcertante. Il donne un excellent café, affirme Maxime Richard. Lorsqu’il part en Amérique centrale pour rencontrer des producteurs de café, ce dernier apporte avec lui son AeroPress afin de goûter aux cafés sur place. L’AeroPress utilise de petits filtres en papier qui s’insèrent au fond du tube.

« L’AeroPress XL [le plus gros modèle] donne quatre tasses à la fois et une qualité exceptionnelle. C’est simple, c’est comme une presse française : tu mets ton café, de l’eau, tu attends quatre minutes et c’est fini, explique Maxime Richard. Ça met en valeur les torréfactions légères. » L’AeroPress est également plus facile à nettoyer qu’une cafetière à piston.

Petit conseil : certains modèles de moulin à café s’insèrent parfaitement dans une AeroPress régulière. C’est le cas du Porlex Mini. Voilà un combo imbattable en matière de ratio volume de l’équipement-qualité du café!

Pour les puristes, il est possible de faire un vrai de vrai espresso en pleine nature : la Minipresso et la Handpresso sont des modèles manuels populaires. Une ingénieuse pompe permet d’atteindre la pression nécessaire à l’extraction caractéristique de l’espresso, et ce, dans un petit format pratique pour le vélo, la randonnée ou le camping.

3. Préférez-vous un latte?

Pour celles et ceux qui préfèrent leur café avec du bon lait chaud et moussé, quelques options intéressantes s’adaptent bien à la cuisine en plein air. Le lait de vache et les boissons végétales sont tous offerts dans des boîtes de carton en version pasteurisée (recherchez la mention « UHT »), ce qui vous permet de les conserver à température ambiante pendant des mois. Une fois ouverts, ils doivent toutefois être traités comme du lait frais.

Le lait en poudre fait aussi l’affaire. Il faut cependant prendre en considération que celui entier produit une meilleure mousse que l’écrémé. C’est une solution parfaite pour les campeurs et campeuses à sac à dos, qui doivent prioriser la légèreté avant tout.

L’entreprise québécoise Dam offre un concentré liquide de lait végétal qui se conserve aussi à température ambiante. Il suffit d’y ajouter de l’eau avant de le faire mousser comme du vrai lait.

Une fois que vous avez choisi votre type de lait, il faut le faire mousser. Pour ce faire, certaines cafetières italiennes comprennent une paille à vapeur. Faites gaffe à vos mains avec la proximité du feu de bois ou de la flamme du gaz! Une solution plus sécuritaire consiste à faire mousser votre lait chaud avec un petit batteur électrique ou à piles.

Vous pouvez aussi mettre votre lait chaud dans une cafetière à piston : le mouvement de pompage le fera efficacement mousser.

4. Avez-vous du temps?

Si, pour vous, le camping et le plein air sont normalement des moments où vous ralentissez et prenez le temps de préparer votre petit café tranquillement, les options précédentes sont toutes excellentes. Mais peut-être n’avez-vous pas envie de vous prélasser près de la tente pendant des heures et voulez tout voir et tout faire! On n’a souvent que quelques jours pour explorer tout ce que la nature a à nous offrir, après tout.

Si vous vous reconnaissez dans cette description, il y a toujours l’option du café soluble. Il y a de plus en plus de choix en la matière chez les torréfacteurs de spécialité, qui offrent du café soluble équitable. Plus besoin de vous boucher le nez pour avaler votre café « instantané », car la qualité et la traçabilité sont véritablement au rendez-vous.

Cette solution est idéale pour les randonnées de plusieurs jours. Nul besoin d’apporter une cafetière, une carafe ou d’autres outils lourds et encombrants. Chaque café est déjà portionné dans un emballage individuel; il suffit d’ajouter de l’eau chaude et le tour est joué. C’est l’option la plus légère et rapide de toutes.

Du côté du prêt-à-boire, de nombreux torréfacteurs offrent du cold brew, un concentré de café infusé à froid, parfois en format d’un litre. « Ces formats sont extrêmement populaires pour le camping, affirme Maxime Richard. L’été, c’est fou à quel point les gens en achètent. Ils les mettent dans leur glacière, et décident s’ils veulent le faire chauffer ou le boire froid en y ajoutant du lait et de la glace. » Avec une bouteille d’un litre, on peut faire jusqu’à deux litres de café en le diluant. Ce type de café se vend aussi en canette, un format pratique pour le camping.

Il existe également des poches de café individuelles dont certaines fonctionnent comme une poche de thé. D’autres agissent comme un filtre rempli de café qu’on peut jeter après l’infusion.

À éviter

Selon Maxime Richard, la pire méthode pour préparer un café est sans doute le percolateur. Cette machine fait circuler l’eau plusieurs fois sur les grains, ce qui cause une surinfusion, juge-t-il.

Du côté des cafés « primitifs », ceux qui ne requièrent pas d’équipement particulier, on trouve le « café de cowboy », consistant à faire bouillir des grains moulus dans une quantité arbitraire d’eau. Pour Maxime, cette technique a de la valeur, mais il faut éviter de faire bouillir le café. Il conseille plutôt d’ajouter du café moulu à de l’eau bouillie et légèrement refroidie, puis de laisser les grains se déposer au fond avant de filtrer le café grossièrement.

Si l’eau à laquelle vous avez accès n’est pas potable, assurez-vous de la faire bouillir au moins une minute à gros bouillons afin qu’elle soit sécuritaire. Afin d’être propre à la consommation, une eau tirée de la nature doit être filtrée et ne contenir aucun sédiment avant d’être bouillie.

Des déchets à gérer

Évitez de laisser des déchets derrière; c’est le principe du « Sans trace », qui permet à tout un chacun de profiter de la nature. Eh oui, le marc de café, bien qu’il soit compostable, est un déchet! C’est donc dire que tout ce que vous utilisez pour vous faire un café (filtre, marc, emballages) doit revenir avec vous ou être jeté dans une poubelle.

Si vous êtes dans une zone où il y a des ours, assurez-vous que votre café, infusé ou non, n’est pas accessible. Nettoyez bien l’équipement que vous utilisez avant de le ranger. Même si ce n’est pas un parfum que les ursidés recherchent normalement, il est possible que l’odeur les attire vers le reste de votre nourriture.

Ainsi, on vous propose de laisser votre café dans la voiture ou, en l’absence de voiture, de le suspendre avec le reste de votre nourriture dans un sac étanche attaché à une branche d’arbre à plus de 4 mètres du sol et 1 mètre du tronc. Des sacs ou contenants anti-ours sont aussi en vente pour assurer encore plus de sécurité.

Profitez-en bien!

Surtout, ne laissez pas le temps de préparation vous freiner dans votre élan : le meilleur café que vous puissiez avaler en camping, c’est celui qui vous aide à vous connecter au moment présent alors profitez-en!