Course en sentier

Des sportifs au rythme de la nature

Les sentiers de randonnée sont pour certains synonymes de détente et de relaxation. Or, pour d’autres, ils servent plutôt de terrains de jeu où le dépassement se conjugue avec le bonheur de filer au pas de course dans la nature. Découvrez trois athlètes dont le cœur bat fort à soutenir le rythme de chaque foulée, mais surtout palpite à explorer forêts et montagnes avec une aussi grande sensation de liberté!

Alexandra Côté-Durrer | © Sépaq

Annie Wagner Bouthillier

La contemplative

Véritable amoureuse du sport et du grand air, Anne Wagner Bouthillier a vu la course en sentier s’imposer naturellement dans sa vie. « C’est simple, c’est varié et j’adore être dehors. Et je suis une contemplative dans la nature », résume la mère de famille de 43 ans.

Celle qui habite dans l’ombre du mont Sainte-Anne et qui travaille à la Sépaq est une sportive touche-à-tout qui passe de la route au sentier, que ce soit en faisant de la course à pied ou à vélo. « Je suis une fille d’aventure», résume celle qui rêve de courir avec un dossard dans les Chic-Chocs. «C’est sur ma bucket list! »

Bien que la coureuse dise s’entraîner et compétitionner seulement pour le plaisir, elle ne recule pas devant les sérieuses distances d’ultra, comme le 50 km du Québec Mega Trail (QMT) ou le 65 km de l’Ultra-Trail Harricana (UTHC) — qui passe notamment par le magnifique parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie —, deux courses relevées qu’elle a notamment achevées l’an dernier.

« Ma performance, c’est de finir!» assure celle qui court de façon régulière depuis une dizaine d’années. Terminer la course, mais aussi le faire avec le sourire et s’en remettre (assez) rapidement. « Je travaille le lundi! » rigole la sportive au sujet des intenses fins de semaine de course qu’elle met à son agenda.

Annie Wagner Bouthillier apprécie particulièrement ces rencontres et amitiés qui se forgent en foulant les sentiers. « C’est fou comment on peut entrer en contact avec des inconnus à jaser en courant. »

Dans l’effort, de nouvelles connexions marquent et motivent, comme cette amie rencontrée en course avec qui elle aime désormais fixer de nouveaux objectifs. Et les voilà en route vers de nouvelles lignes de départ où elles s’élanceront à deux.

© Sépaq
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Geneviève Asselin-Demers

La surdouée

Depuis qu’elle a fait la transition de la course sur route à celle en sentier, Geneviève Demers-Asselin ne regarde plus en arrière. Littéralement! L’actuelle sensation féminine du trail au Québec rafle toutes les courses qu’elle dispute malgré des débuts récents sur les sentiers en 2021 seulement.

Celle qui a gagné à la surprise générale le Marathon de Montréal en 2015 ne court plus sur la route que « par obligation » et préfère largement « s’évader en montagne ». Elle apprécie la beauté des paysages, qui remplace le fait d’avoir le nez collé sur sa montre à brûler le bitume entre les autos. «Dans le bois, tu peux courir 14 fois à la même place et tu ne te tannes pas!»

De l’aviron à la course, en passant par le vélo, la sportive qui aura 36 ans en août prochain s’est retrouvée par une série de hasards dans l’univers de la course en sentier. Elle y a découvert une communauté tissée serrée et des amitiés sincères.

Grâce à la flexibilité dans son horaire d’ingénieure et un amour dévorant pour l’activité physique, la Montréalaise arrive à s’entraîner de 20 à 25 heures par semaine. Tout ça en étant maman à temps partagé de jumelles en bas âge avec un boulot de 40 heures par semaine!

Pas d’entraîneur, pas de programme précis… et beaucoup de « feeling » pour Geneviève. Et ça lui réussit particulièrement bien, elle qui a notamment remporté en 2023 le volet féminin du 125 km de l’UTHC dans Charlevoix et une première course internationale au Mexique, l’Ultra-Trail Puerto Vallarta (95 km).

Au moment de lui parler, après deux belles performances à l’international en début d’année et une victoire au 46 km du Trail du coureur des bois dans les sentiers de la Station touristique Duchesnay, elle s’apprêtait à s’élancer pour le 80 km du Québec Mega Trail, course qu’elle a finalement dominée chez les femmes, en plus de finir cinquième du classement général!

Son grand objectif de l’année? Le prestigieux Ultra-Trail du Mont-Blanc à la fin août, l’épreuve reine de la course en sentier à l’international avec ses 171 km et près de 10 000 mètres de dénivelé positif. Rien que ça!

© Sépaq
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Jean-Sébastien Côté

L’humble compétiteur

Quand on parle de course en sentier avec Jean-Sébastien Côté, la discussion ne tourne jamais autour de ses résultats. Il faut insister pour découvrir que le futur diplômé en physiothérapie de 34 ans et papa de deux jeunes enfants a de bonnes jambes. De très bonnes jambes!

« Je suis entre un amateur sérieux et un compétitif de base », illustre dans un éclat de rire le résidant de Québec, qui a notamment obtenu le neuvième rang du 100 milles (160 km) au QMT en 2022. « Je suis souvent dans le premier quart », finit par admettre le sportif quand on insiste un peu.

C’est que la course est pour lui d’abord une affaire de plaisir. Et une façon de découvrir ses limites chemin faisant. « C’est comme une drogue. J’aime aller tester jusqu’où je peux aller. Est-ce que je pourrais aller plus loin? »

C’est ainsi que, depuis son premier ultra, le 65 km de l’UTHC en 2018 où il s’était dit : « plus jamais! » à l’arrivée, « JS » a multiplié les épreuves et allongé les distances. Si bien que maintenant il envisage la possibilité de faire un 200 milles.

De retour sur les bancs d’école à l’Université Laval, le futur physiothérapeute assure qu’il est l’exemple à ne pas imiter, lui qui d’ordinaire ne suit pas de programme d’entraînement précis.

« Cordonnier mal chaussé! » lance-t-il en riant. Il a cependant vu les avantages de compter sur le suivi d’une kinésiologue en prévision de son premier 100 milles. « J’ai fini en meilleur état que sur des distances plus courtes par le passé. »

Pour lui, le secret de son succès passe surtout par le fait d’être actif au quotidien. « Il faut être prêt pour la trail, bien connaître l’environnement », ajoute celui qui affectionne notamment les sentiers du parc national de la Jacques-Cartier pour l’entraînement. « Là-bas, il y a toutes les possibilités. »

© Sépaq
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Au pas de course…

Souliers de course préférés :

AWB : Des Salomon Ultra Glide, qu’elle a en plusieurs exemplaires. « J’ai un attachement aux souliers. Ils me rappellent certaines courses. »

GAD : Commanditée par la marque suisse On, Geneviève a l’embarras du choix côté chaussures. « J’en ai 32 paires en rotation! » précise la pétillante sportive. Pour elle, les meilleures chaussures sont celles qui la gardent près du sol et qui lui donnent la meilleure sensation du terrain. « Il faut se sentir bien avant tout et ne pas juste suivre les tendances et les modes. »

JSC : En route comme en sentier, c’est la sensation qui est aussi à prioriser pour Jean-Sébastien. Aujourd’hui ambassadeur pour la marque Mammut, il a auparavant testé plusieurs des marques populaires. Il préfère des chaussures légères et à la semelle assez mince. « Il faut vraiment en essayer plusieurs modèles », conseille-t-il.

Délices sur les sentiers :

AWB : Croustilles et Coke dans les ravitos. « Je ne bois pas de Coke d’ordinaire, mais en course, oui! » Sirop d’érable additionné de sel dans une flasque molle. Sinon une crêpe banane et beurre d’arachide, servie en wrap. « Ça finit des fois dans un drôle d’état, mais j’aime ça! »

GAD : Exclusivité découverte à l’UTHC, les grilled cheese des ravitos charlevoisiens sont la nouvelle gâterie favorite de la championne. « Tu sors ça de ta veste en course un peu écrasé et il y a quelque chose de tellement bon! » Ça s’appelle le réconfort.

JSC : S’alimenter est souvent un problème pour « JS ». Pour éviter la défaillance, « il faut se forcer ». Adepte de gels commerciaux, il a essayé plusieurs marques avant d’arrêter son choix sur ceux de GU Energy. Sinon, le sirop d’érable est une valeur sûre. Comme les tranches de bacon, lorsque disponibles dans les ravitos.

Quand le corps dit non :

AWB : « Je suis une fille positive. J’ai un mental fort », précise l’adepte de longue randonnée. Elle sait fractionner les épreuves et avancer étape par étape. Au besoin, de la musique ou une gâterie à déguster viendra lui redonner l’énergie d’avancer.

GAD : « Je me rappelle les compromis que j’ai dû faire. Je pense à un ami que j’ai perdu récemment. À un autre qui se bat contre le cancer. Je pense à la fierté de mes amis, à celle de mes filles. Quand une pensée ne marche pas, je passe à une autre. »

JSC : « Quand ça devient tough, j’essaie de ressentir le feeling du fil d’arrivée. Une fois que tu as vécu ça, tu t’en rappelles. Sinon, comme je suis assez analytique, je fais des calculs avec le temps et la distance de la course. »

Anecdotes de courses :

AWB : À ses débuts en sentier, au 6 km du QMT en 2015, Annie n’a jamais eu la chance de finir. À peine lancée, elle s’est retrouvée à devoir porter secours à une coureuse qui s’était fait une triple fracture à la cheville. Le temps que les secours soient avisés et qu’ils arrivent, Annie est restée pour réconforter la malheureuse. « J’ai dû la tenir dans les mouches pendant au moins une heure! »

GAD : « Je suis une fille qui a besoin de sourire. Alors je me raconte des blagues durant les courses. Et j’ai toujours le même répertoire! »

JSC : « On parle souvent d’hallucinations dans les ultras. Dans mon cas, au 125 km de l’UTHC, après 8-9 heures d’efforts, c’est plutôt que je courais et que je me parlais à voix haute. Mais à un moment donné je me suis mis à me parler au nous. C’était assez spécial… »

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